COVID-19 et cancers
En cette période difficile de COVID-19, nous mettons à jour cette page pour vous informer sur la maladie et les liens avec les cancers.
En ligne depuis le 19/03/2020. Mise à jour le 01/06/2020 par Manuel Rodrigues: nouvelles cohortes cancers et COVID
1/ Epidémiologie en direct
- Estimation de la prévalence du SARS-CoV-2 en France: au 11 mai, environ 6% de la population aura été touchée, environ 2,5% auront été hospitalisés, 0,5% seront décédés. Le risque de décès est de 0,001% chez les <20 ans versus 8,3% chez les >80 ans voire 13% chez les hommes >80 ans. Le R0 sera passé d’environ 3 à 0,5 grâce au confinement. cf également chapitre déconfinement plus bas
- En France, le site de Santé Publique France et en particulier l’outil GEODES (en bas de la page) vous permet de suivre l’évolution en nombre de cas, de places en réanimation etc…
- Le nombre de décès en France, par région, mis à jour quotidiennement sur le site de l’INSEE
- Le site des Décodeurs du Monde avec de jolies infographies pour suivre l’évolution en France et ailleurs
- Situation épidémiologique mise à jour au quotidien par l’European Centre for Disease Prevention and Control
- De même avec le dashboard du John Hopkins ou cet autre site
- Les pages du Financial Times et ici
- Le suivi 2x/semaine de la situation en Italie.
2/ Recommandations concernant la prise en charge de nos patients
En préambule, il faut rappeler que la situation sanitaire et les connaissances évoluent d’heure en heure. Les contextes varient également entre chaque établissement et régions. Il est donc extrêmement difficile d’émettre des recommandations. Celles-ci sont amenées à évoluer, nous vous conseillons de surveiller les sites des sociétés savantes pour avoir les mises à jour.
Au final, notre principal conseil est de se reposer sur les RCP locales au temps donné, au cas par cas et de partager les questions les plus difficiles avec vos collègues des hôpitaux avoisinants si difficultés.
- Les préconisations de l’INCa pour l’adapatation de l’offre de soins du 20 Avril
- Les recommandations de l’HCSP dont les avis sur les patients atteints de cancers, publiés dans le Lancet Oncology et la prise en charge des cas confirmés
- Outils et fiches d’accompagnement et soins palliatifs liés au COVID-19 : SFAP
- Les recommandations oncologie gériatrique: SOFOG
- Les recommandations oncologie sénologique : Nice-St Paul de Vence, CNGOF, SIFEM, SFCO, SFSPM, UCBG
- Les recommandations oncologie digestive : FFCD PRODIGE TNCD et le chapitre dédié du TNCD
- Les recommandations oncologie thoracique : SPLF & IFCT
- Les recommandations oncologie gynécologique : GINECO et FRANCOGYN
- Les recommandations oncologie urologique : AFU
- Les recommandations oncologie hématologique : SFH
- Les recommandations de chirurgie oncologique : SFCO
- Les recommandations immuno-oncologie : FITC
- Les recommandations radiothérapie : SFRO
- Les recommandations sarcomes : GSF
- Les recommandations ORL : SFORL
- Les recommandations pour la prise en charge en réanimation : SRLF-SFAR-SFMU-GFRUP-SPILF
- La page dédiée au COVID-19 de la SFAR (anesthésie-réanimation) avec recommandations et bibliographie : SFAR
- Le site Oncologik regroupe de nombreuses informations sur Cancers et COVID.
- Les webcasts hebdomadaires mediscoop « cancers et COVID-19 » sur les recos HCSP, actualités et focus cancer du sein, actualités et recos des sociétés savantes.
- La page de nos partenaires de l’EACR: « How to be a cancer researcher in the time of coronavirus »
- La page dédiée de l’INCa
- La page dédiée de l’ESMO
- La page dédiée l’ASCO
- Les avis du conseil scientifique COVID-19
- Site du COREB d’infectiologie, réunissant de nombreuses informations de référence
- Toutes les informations utiles pour l’orientation des suspicions de COVID-19 : CORONACLIC
- Idem pour les médecins britanniques
- Dossier spécial coronavirus de l’INSERM
- Dossier spécial coronavirus de l’ANSM
- Le réseau français REACTing
- Article du Groupe Européen d’étude des Métastases Osseuses GEMO
3/ Publications COVID-19 chez les patients atteints de cancer :
Les deux grandes cohortes du Lancet de 1000 cas (USA, Canada, Espagne) et 800 cas anglais
Une cohorte de 218 patients cancer+COVID-19 à New York retrouvant une mortalité très élevée dans cette population (28%)
Une pré-publication de Cancer Discovery . 105 patients hospitalisés cancer/covid comparés à 200 sans cancer mais covid+. On y retrouve que l’état clinique de nos patients cancer+covid est plus grave que celui des patients sans cancer. Plus grave chez les patients méta que non méta. Plus grave chez les patients hémato ou cancers du poumon et/ou méta pulm. Plus grave sous immuno (mais probable biais car également cancers du poumon), chimio ou sortie de chir (mais petits groupes). Beaucoup de biais: les patients atteints de cancer sont plus âgés, plus d’hommes, plus de pathologies cardiovasculaires. Il n’y a que 11 patients avec des K du sein, 9 patients hémato
Une cohorte de 334 patients dans Annals of Oncology retrouvant une mortalité similaire aux patients non atteints de cancer.
Voici le premier article sur 18 patients COVID-19 avec un antécédent de cancer et les réponses associées. On y retrouve un risque plus élevé de complications et de mortalité (mais 18 patients avec un cancer ou ATCD)
- Réponse 1
- Réponse 2
- Une autre publication qui est simplement un duplicat de cette cohorte (mêmes chiffres, mêmes lead authors)
Une cohorte de 12 malades montrant que ces patients seraient plus à risque de contracter le COVID-19
Une cohorte de 28 malades en Chine montrant que les patients qui ont reçu un traitement oncologique dans les 14 jours seraient plus à risque de décès
Une réflexion sur comment nous devrions prioriser nos prises en charge.
Les données épidémiologiques aux EUA retrouvent parmi le 74 439 patients COVID+ étudiés seulement 29 avec un cancer ou un antécédent de cancer rapporté soit 0.04 %. Bien sûr, des nombreux biais existent.
Les articles du Bulletin du Cancer
Covid-19, la Société française du cancer (SFC) et le Bulletin du Cancer
Liberté, égalité, fraternité à l’épreuve du COVID-19
COVID 19 et cancer : quelles sont les conséquences de la réorganisation des soins oncologiques ?
Impact de l’épidémie de COVID-19 sur les demandes de prise en charge initiale pour cancer du sein
Options thérapeutiques en cancérologie génito-urinaire en période épidémique du COVID-19
4/ Revues de la littérature et les newsletters
- Revue commentée de la littérature COVID-19 par le groupe REACTing (MaJ hebdomadaire)
- Outil du NIH américain compilant l’ensemble des publications scientifiques sur le covid-19 : NIH
- Outil similaire de l’OMS : OMS
- Les vidéos de Ninja Nerd sur le COVID-19 et son traitement
5/ COVID-19 resource centers (articles gratuits sur la pandémie) :
- Beaucoup d’outils pour les médecins sur le site du BMJ
- New England Journal of Medicine
- Société de Radiologie Américaine
- Lancet
- JAMA
- Elsevier
- Tous les articles John Libbey Eurotext sont à présent gratuits
- Accès gratuit à Medscape
6/ Biologie du SARS-CoV-2
- Le virus a, in vitro, la capacité d’infecter les entérocytes
- Le virus persiste plus longtemps chez les patients les plus graves.
- Un modèle animal (singe) de l’infection au SARS-CoV-2 afin de pouvoir tester de nouvelles stratégies thérapeutiques.
- Un article sur la stabilité du virus. La demi-vie médiane du SARS-CoV-2 était d’environ 1 heure sous forme d’aérosol. Aucun virus viable n’a été détecté après 4 heures sur cuivre, 24 heures sur carton et 72 heures sur plastique et acier inoxydable.
- Un site bien fait analysant la génomique des échantillons de SARS-CoV-2 prélevés à travers le monde (>3100 déjà) et donc son évolution. Cette analyse permet de suivre l’épidémie et de caractériser la vitesse d’évolution génétique du virus. Avec des rapports réguliers en français. Un article commentant l’évolution génomique de ce virus qui deviendra vraisemblablement le cinquième coronavirus endémique humain.
- Un article sur son origine animale, l’article de Science montrant la forte homologie avec des coronavirus récemment identifiés chez les pangolins de Malaisie et du Guangdong. Ceux-ci ne sont donc peut-être pas les réservoirs du SARS-CoV-2 mais ils portent d’autres coronavirus qui pourraient provoquer de nouvelles pandémies. Une entrevue du Pr Sicard sur l’importance de mieux comprendre le réservoir animal.
- Des données montrant un temps d’incubation d’environ 5 jours ici ou là
- Et un rapport montrant que les patients asymptomatiques durant cette phase d’incubation sont contagieux.
- Un article dans Nature montrant que le portage le plus important est durant la 1ère semaine de traitement, que le virus se réplique indépendamment dans la gorge et les poumons, que les selles présentent de l’ARN viral mais pas de virus à proprement parlé.
- Un papier intéressant montrant la vitesse de décroissance du portage du virus dans la bouche (ou encore celui-là retrouvant un portage pendant un mois), la cinétique d’apparition des IgM/IgG. Le taux le plus élevé de virus était dans la première semaine puis décroissait doucement pendant 3 semaines. Les taux étaient plus élevés avec l’âge. Quant aux sérologies, elles se positivaient en une dizaine de jours. Autour de 17-20 jours dans cet autre papier. Deux autres papiers sur les sérologies ici et là. Une lettre dans le Lancet sous forme de review sur l’intérêt de développer les sérologies.
- Le SARS-CoV-2 provoque une lymphopénie, notée par de nombreuses publications, ciblant les CD4+ et les CD8+.
- Une review sur les effets cardiologiques du SARS-CoV-2
- Concernant la protection accordée par les anticorps anti-SARS-CoV-2. Plusieurs publications concernant les anticorps anti-SARS-CoV que vous retrouverez ici, là, là, là ou encore là. Globalement on observe que le titre d’anticorps baisse au cours du temps tout en restant détectable à faible taux. La question avec le SARS était de savoir si, quelques années plus tard, les anciens malades seraient encore protégés. Cela n’est pas certain mais la détection, même faible, d’anticorps est plutôt rassurante pour plusieurs auteurs (au moins à une échéance de quelques années).
7/ Epidémiologie, sémiologie clinique et radiologique
- L’article de Science sur les caractéristiques de l’épidémie du COVID-19 en France montrant qu’environ 3.6% des patients COVID-19 ont été hospitalisés, 0.7% sont décédés (jusqu’à 10% des >80 ans). Le R0 a chuté de 2.9 à 0.7 grâce au confinement. Au total, environ 4.4% de la population française a été touchée.
- Sur le risque d’hospitalisation, de décès et de contamination intra-familiale à NY. >46000 personnes RT-PCR+. 13% d’hospitalisations, 2% de décès. Environ 40% de risque d’être contaminé. Ce chiffre diminue à 23% chez les moins de 5 ans versus 68% chez les plus de 65 ans.
- En Allemagne, dans une cohorte de la ville de Gangelt, 15% de risque de contamination intra-familial.
- Une cohorte de 5700 patients à New York. Que 6% d’antécédents de cancers. Aucun fumeur…
- Un article islandais du NEJM montrant que les femmes et les enfants sont moins à même d’être porteurs du virus et illustrant l’évolution de l’épidémie dans ce pays. Le taux d’infectés reste stable avec le temps, alors que la source d’infection change (voyages initialement, familial par la suite) en faveur de l’efficacité des mesures de distanciation sociale.
- Une reconstitution dans Science des déplacements des patients en Chine avant le confinement montrant la dynamique d’extension de l’épidémie à partir du foyer de Wuhan en raison des déplacements humains et l’efficacité des mesures de confinement strict prises alors.
- Les caractéristiques épidémiologiques de 1 099 individus chinois atteints :
Estimation du risque de décès ~1.4 % chez les patients symptomatiques à Wuhan - Facteurs de risque de SDRA avec le COVID-19. Dans cette série, il apparaissait que l’âge avancé (≥ 65 ans), la fièvre élevée (≥ 39 ° C), les comorbidités (par exemple, hypertension, diabète), l’augmentation des neutrophiles, la lymphopénie, les anomalies biologiques d’organes (cytolyse, urémie, LDH), les signes biologiques d’inflammation (CRP, ferritine) et élévation des D-dimères étaient associés à des risques plus élevés de développement de SDRA. Idem avec une autre publication qui retrouve comme facteurs associés au risque de décès l’âge avancé, la dyspnée, un satO2 plus basse, une leucocytose, une lymphopénie, une CRP élevée.
- Cohorte de 191 malades hospitalisés en Chine dont 54 décédés montrant la valeur pronostique de l’âge, des D-dimères et du score SOFA. Dans cette cohorte, le portage médian était de 20 jours (jusqu’à 37 jours !). Dans une autre série, le portage viral fécal était de 28 jours. Concernant la charge virale, celle-ci serait associée au pronostic des patients.
Cohorte américaine des 4 226 premiers cas et issues - Les rapports italiens 2x/semaine apportent d’importantes informations sur la maladie. On notera qu’au 02/04, 85 % des décès en Italie ont toujours lieu dans le nord, en Lombardie, Emilie-Romagne, Piémont et Vénétie. L’âge médian de décès est de 80 ans. 97 % présentaient des co-morbidités (attention au biais de sélection des patients réanimatoires). Parmi les plus fréquentes chez les patients décédés on retrouve l’HTA chez 72 %, diabète 31 %, IDM 27 %, AC/FA 23 %, I Rénale Chronique 24 %, ATCD de cancer dans les 5 ans 17%. 27 % des patients étaient sous IEC, 16 % sous sartans (possiblement sous-estimé par un biais de mémoire). Et la publication des ~1500 premiers cas hospitalisés en soins intensifs. Une cohorte américaine retrouvant le rôle de ces comorbidités.
- Concernant le calcul du CFR (case-fatality ratio, risque de décès si cas symptomatique) et IFR (infection-fatality ratio, risque de décès si infection symptomatique ou non), plusieurs équipes ont exploitées les données provenant du Diamond Princess. Vous trouverez une discussion intéressante sur le sujet dans Nature. Et une pré-publication estimant le CFR et l’IFR autour de respectivement 1.1-2.3 % et 0.5-1.2 % environ. Sur ce bateau, le taux de formes asymptomatiques serait d’environ 50%, le taux de formes graves ~10% et la mortalité ~1% selon ce rapport. Même situation pour un EHPAD à Washington. En 23 jours, 2/3 des résidents étaient contaminés (âge moyen de 79 ans), 3/4 des contaminés sont/seront symptomatiques, 1/4 des contaminés sont décédés.
- COVID-19 et enfants :
Caractéristiques cliniques d’une cohorte pédiatrique en Chine. Peu de symptômes, frustres, décès 1 nourrisson de 10 mois sur les 171 enfants :
Cohorte pédiatrique en Chine avec 731 cas confirmés et 1 412 suspectés - Aspects radiologiques du COVID-19 : article EJR, article 2 EJR, article Lancet Infect Dis, article RSNA et article 2 RSNA. Quant à ce papier, il montre l’évolution des images chez les patients. Pic des images autour du 10ème jour, persistance à 1 mois.
8/ Thérapeutique
Ritonavir/Lopinavir
- Les résultats positifs d’une triple combinaison ritonavir/lopinavir + ribavirine + interféron bêta-1b avec une diminution de la durée de portage.
- Résultats négatifs de l’essai clinique ritonavir/lopinavir. Environ 200 adultes hospitalisés en Chine avec le COVID-19 et soit (i) une saturation en oxygène de <=94 %, soit (ii)un ratio PaO2/FiO2 < 300. Randomisés entre soins standard seuls et soins standards + lopinavir/ritonavir. Le critère de jugement principal était le délai avant l’amélioration clinique. Pas de différence entre les groupes (médiane, 16 jours). La mortalité à 28 jours était inférieure avec le lopinavir – ritonavir mais non statistiquement significative (19 % avec le lopinavir – ritonavir versus 25 %). Le temps à amélioration clinique semblait légèrement plus court avec le lopinavir – ritonavir d’une journée. Un taux d’arrêt du traitement de 14 % pour toxicités (digestives principalement).
Le lopinavir – ritonavir n’est peut-être pas inefficace. Les auteurs ont choisi une population à très haut risque, avancée, avec une fonction pulmonaire déjà réduite comme le montre la mortalité de 25 % dans le groupe témoin. A un stade aussi avancé, difficile pour une drogue de montrer son efficacité. Malheureusement, un autre petit essai contrôlé, randomisé du ritonavir/lopinavir, encore une fois décevant, cette fois-ci chez des patients pauci-symptomatiques. Des essais se poursuivent.
Chloroquine/Hydroxychloroquine
- Une étude de registre majeure comprenant 96 000 patients provenant de 671 hôpitaux sur 6 continents. La chloroquine et l’hydroxychloroquine sont associés à une augmentation du risque d’arrythmie et de décès, même après contrôle des différents facteurs de risque. En termes de mortalité, celle-ci s’élevait était donc plus basse, dans le groupe contrôle (9·3%), qu’hydroxychloroquine (18·0%; hazard ratio 1·335, 95% CI 1·223–1·457), hydroxychloroquine/macrolide (23·8%; 1·447, 1·368–1·531), chloroquine (16·4%; 1·365, 1·218–1·531), ou encore chloroquine with a macrolide (22·2%; 1·368, 1·273–1·469). On notera qu’à la sortie de cette publication le président Trump a décidé que son traitement préventif par hydroxychloroquine avait assez duré…
- Une étude observationnelle française dans le BMJ, négative
- Un essai clinique prospectif, négatif
- Un article de Science. « France is witnessing a form of “medical populism” that is “slowing the emergence of the truth ».
- L’avis des académies de Médecine et de Pharmacie.
- Une cohorte américaine de ~800 patients traités, négative dans le NEJM. Comme le dit l’éditeur: « The results leave open the possibility that these agents could have a modest benefit but do not rule out a detrimental effect, something that will probably be learned only through well-designed and well-conducted randomized, controlled trials. The value of such trials has been known for a century. It is disappointing that several months into the pandemic, we do not yet have results from controlled trials of a therapy that is being widely used. » Plusieurs essais de validation indépendants sont en cours mais certains cliniciens voire pays entiers ne travaillent pas en ce sens, nous empêchant d’avoir la réponse à cette question.
- Les données non randomisées d’une autre cohorte française sont négatives à ce jour (publiée) ainsi qu’une seconde cohorte française, non publiée.
- Une autre cohorte chinoise, positive, non publiée.
- Les résultats d’un essai en Chine sont en pré-publication. L’essai apparait positif mais il y a des écueils patents en particulier sur les différences majeures avec le design prévu initialement, les tests statistiques utilisés, l’utilisation d’un placebo et le critère d’évaluation composite avec une composante subjective (toux).
- Les données hydroxychloroquine +/- azithromycine de Marseille en pré-publication. Il ne s’agit pas d’un essai contrôlé ni randomisé. Il s’agit d’une petite cohorte de patients de Marseille comparée à une cohorte de patients non traité par hydroxychloroquine d’autres hôpitaux. De plus, le critère d’évaluation rapporté est le suivi de la PCR SARS-CoV-2 et non la morbi/mortalité ou le temps à amélioration clinique.
- Une autre cohorte a été publiée.
Remdesivir
- Quant au remdesivir de Gilead, les premiers résultats des essais sont arrivés. L’AMM a été obtenue auprès de la FDA le 01/05/20.
- Les données d’un essai américain sont positives avec une diminution du temps à l’amélioration clinique significative et une tendance à la réduction de la mortalité à 8.0% versus 11.6% pour le placebo (p=0.059).
- Un second essai à montrer également une efficacité avec une réduction du temps médian à récupération clinique (11 versus 15 jours, p<0.001) et une tendance à l’amélioration de la mortalité à 14 jours à 7.1% versus 11.9% (HR 0.70; 95% CI, 0.47 à 1.04).
- Les résultats d’un essai chinois, négatif par contre, avait été fuité. Ils sont publiés à présent.
- Voici les premiers résultats de la cohorte compassionnelle dans le NEJM. Attention, lisez ++ la correspondance avec des questions centrales de statistiques.
- Ici, les données de cryo-EM montrant la structure du complexe ARN/polymérase/remdesivir
- Avec des données in vitro positives contre le SARS-CoV-2 pour le remdesivir comme la chloroquine. Une comparaison de l’activité in vitro du remdesivir, du ritonavir, du lopinavir et de l’interféron bêta sur le MERS-CoV. Des données chez le Singe rhésus sont intéressantes pour le remdesivir contre le MERS-CoV.
Rappelons que l’essai européen adaptatif en cours auquel participe le réseau français REACTing (DISCOVERY et la page clinicaltrials) randomise 5 bras : soins actifs vs remdesivir vs lopinavir/ritonavir vs lopi/rito/intereferon beta vs hydroxy-chloroquine. Un autre essai (SOLIDARITY et la page clinicaltrials) évalue les mêmes drogues dans les autres régions du monde.
Plasmathérapie
- Une piste intéressante: la thérapie par plasmas de patients guéris. Une courte revue sur le procédé ainsi qu’un édito dans JAMA. Une méta-analyse sur la place de la plasmathérapie dans le SRAS et la grippe. 245 malades ont été traités en Chine (non publié). Une cohorte de 10 malades COVID-19 traités en pré-publication et une de 5 publiée dans JAMA. Cette procédure reste très lourde.
- L’EFS recrute des patients guéris du COVID-19 pour donner leur plasma afin de traiter d’autres patients. Plus d’infos ici
Inhibiteurs de protéase
- Après avoir rapporté la structure de la principale protéase du SARS-CoV-2, des chercheurs allemands ont développé inhibiteur puissant de cette protéase, publié dans Science, qui peut être administré par inhalation ou par voie intra-veineuse avec un tropisme pulmonaire significatif. Néanmoins, il s’agit de données in vitro et chez la Souris, le chemin jusqu’à un large essai clinique est encore long. Néanmoins, étant données les molécules présentées, il est très probable que les chercheurs y travaillent depuis plus longtemps qu’on ne le pense. Un autre papier, dans Nature, analysant également la strucutre de la protéase et criblant ensuite des molécules pouvant l’inhiber.
Autres pistes
- De nombreuses pistes de vaccinothérapie sont développées avec les techniques les plus récentes. Un premier essai pré-clinique a montré l’efficacité d’un vaccin « classique » avec un virus inactivé sur le singe rhésus avec son éditorial. On notera également un autre papier de Science montrant que l’infection au SARS-CoV-2 induit une immunité suffisante pour protéger les singes.
- Nicotine et COVID-19. Dans plusieurs cohortes (dont française et américaine) on a observé une faible proportion de fumeurs parmi les patients COVID-19, en particulier les plus graves. Jean-Pierre Changeux et son équipe émettent des hypothèses solides concernant la diffusion du virus par les neurones et donc pourquoi la nicotine pourrait ralentir/bloquer sa diffusion.
- Ici, les auteurs montrent qu’ACE2 n’est pas suffisant au virus pour pénétrer la cellule et se répliquer, il faut également TMPRSS2. Or il existe un inhibiteur de TMPRSS2, le camostat, qui semble montrer une activité anti-SARS-CoV-2. Au moins deux essais démarrent.
- Autre piste intéressante, l’utilisation d’ACE2 soluble permettant de bloquer les premières étapes de l’infection virale.
- Réflexions autour de l’orage cytokinique et de sa prise en charge en réanimation. Ajoutons ici l’espoir procuré par le tocilizumab, un anticorps anti-il6 dans cette situation. Ici une cohorte chinoise. Les premiers résultats d’un essai clinique semblent encourageants. Notons que cet essai sème la discorde puisque le comité d’évaluation indépendant s’est retiré. On ne peut donc pas se fier à ce jour à ces résultats.
- Et un case report. Des essais avec des inhibiteurs de BTK sont sur le point de démarrer pour traiter l’orage cytokinique.
- Une cohorte concernant le meplazumab, un Ac anti-CD147 qui permettrait une clearance virale plus rapide.
- Une revue du NEJM sur la question de la place des IEC et ARA2 dans la prise en charge des patients COVID-19.
- Et un numéro de JAMA Cardiology avec plusieurs articles sur les complications cardiaques du COVID-19.
- Un article dans Science identifiant chez un patient SARS-CoV-1, un anticorps dirigé contre un épitope conservé dans le SARS-CoV-2 qui pourrait donc être une piste pour une vaccination universelle contre les coronavirus.
- Moins sérieux. Une réflexion sur l’excellent site pseudo-sciences.org concernant l’homéopathie et le COVID-19. Les laboratoires producteurs dé-recommandent l’utilisation des granules.
9/ Réflexions globales
Modélisations et déconfinement
- cf chapitre 1-épidémiologie en direct
- Modélisation de l’évolution de l’épidémie par une équipe INSERM à la sortie du confinement selon les différents scenarii envisagés. Globalement, cela montre que si les mesures de confinement actuelles sont levées en Mai, il faudra conserver des mesures de distanciations sociales modérées avec une politique aggressive de tests afin d’identifier les individus touchés et de les isoler. A ce prix, nos capacités de réanimation ne seront pas submergées. Reste le problème de toutes les autres pathologies nécessitant une prise en charge en soins intensifs ou en réanimation qui seront impactées. L’impact en termes de santé publique au sens large sera très lourd, dans tous les cas. cf « déconfinement? » plus bas
- L’ensemble des rapports de l’Imperial College de Londres. La modélisation de l’Imperial College de la courbe des cas graves nécessitant une place en réanimation en fonction des mesures de confinement.
- La modélisation de fin Mars estimant que grâce au confinement nous avons évité environ 60 000 décès. Toujours sur le confinement, un article de Science montrant l’impact du confinement en Chine en comparant l’incidence dans différentes villes en fonction de la rapidité de mise en place des mesures.
- La proposition d’experts britanniques proposant un dépistage de l’ensemble de la population par RT-PCR, chaque semaine, avec quarantaine pour tout individu porteur du SARS-CoV-2. C’est bien sûr impossible actuellement par manque de moyens mais ils proposent de tester la stratégie sur une ou plusieurs villes de taille moyenne, sur base du volontariat.
- L’avis prudent et pertinent de l’Académie de Médecine sur les modalités de déconfinement, différentielles selon les régions, avec mesures barrières dont port du masque
- Puisque les médias parlent de déconfinement. Une modélisation montrant, si on en doutait, que le contrôle de la maladie en Chine provient des mesures prises entrainant un Rt < 1 et que l’arrêt de toutes ces mesures se traduira nécessairement par une nouvelle croissance exponentielle du nombre de cas. Suggestion des auteurs de reprendre l’activité économique avec des mesures de dépistage et de surveillance rapprochée des individus touchés afin de pouvoir réagir au plus vite.
- Dans la même veine, un article modélisant les effets du déconfinement avec l’apparition de pics secondaires pouvant s’étaler jusqu’à 2022 dans les modèles les plus pessimistes.
- Il y a bien sûr la piste du suivi digital des individus infectés afin d’avertir les personnes qui ont été en contact et de mettre en quarantaine / dépister que les contacts. Cela sera probablement à terme un outil central.
- Un article sur un outil de questionnaire en ligne interrogeant la population générale sur leurs symptômes. L’idée étant de pouvoir détecter des foyers de résurgence du SARS-CoV-2 quelques jours avant que l’épidémie ne soit détectée à l’hôpital. Reste que la démonstration de la plus grande efficacité d’un tel outil comparé aux outils de veille sanitaire actuels tels que le réseau Sentinelle n’est pas faite.
- Une proposition de mise en place d’une stratégie systématique de dépistage généralisé dans la population du SARS-CoV-2 afin de contrôler l’épidémie (et applicable à de futures épidémies)
Masques
- Un des nombreux articles sur le port du masque chirurgical et son intérêt pour réduire drastiquement le risque de contamination. Et une réflexion dans le NEJM sur l’intérêt de porter un masque et les risques également de distraction des autres gestes barrière. Et un rapport du CDC européen encourageant au port du masque.
- Autour de la question des masques dans la population générale. L’absence de masques en quantité suffisante est la raison principale pour les restrictions gouvernementales pendant tout ce temps. Le port d’un masque, même imparfait, ne peut que réduire l’évolution de l’épidémie. Deux articles très intéressants sur le sujet: ici et là.
- Un article intéressant de John Ioannidis, alertant sur les risques liés aux informations imprécises, voire erronées, obtenues dans l’urgence et sur le risque consécutif de réaction inadaptée. Son article est polémique car il semble sous-estimer la pandémie qui nous frappe mais la réflexion globale sur la disparition de l’evidence-based medicine en cette période est intéressante. La réponse contradictoire de Marc Lipsitch dans STATnews, et son article préalable en Février dans lequel il prédisait que la moitié de l’humanité sera infectée.
- Un article sur le retard au diagnostic des infarctus à Hong Kong en période de coronavirus (et donc aussi le risque de retard au diagnostic des cancers dans notre pratique). Il faut 4 fois plus de temps entre le début des symptômes et le 1er contact médical en période de COVID-19.
- Faut-il préserver les soignants « seniors » pendant cette crise? Ils sont bien évidemment plus à risque de complications, d’autant plus si âge > 65 ans ou co-morbidités. Ces auteurs suggèrent de leur donner des tâches plus administratives, d’organisation, de liens avec les familles et téléconsultations.
- Une cohorte de patients de rhumatologie sous immunosuppresseurs ne retrouvant pas de façon évidente un sur-risque de COVID-19 ou de complications. A ce jour il n’y a pas d’indication évidente que l’immunosuppression est un facteur de risque de COVID-19.
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